L’enfant Joker m’emmerde (oui, lui aussi)

Après un vieil article intitulé L’enfant Roi m’emmerde, je me suis rendu compte que les parents étaient parfois plus que démissionnaires : ils utilisent leurs enfants comme « jokers » : un gamin passe sous les roues d’un quad ? Tant pis s’il roulait sur une moto non-autorisée, sans casque et sans surveillance. C’est un enfant, c’est mignon ! Hop, effet Chat Potté immédiat ! Le quadeur est dans le caca car le père en prenant dans les bras son hachis de fils voudra au mieux vous faire un procès, au pire vous désosser à mains nues. Si ç’avait été moi par terre, on aurait juste dit : « ah ben nan, c’est pas cool, c’était un connard mais quand même… » [Lire la suite…]

Je vous entends déjà me dire : « Bouh que tu es (encore) cruel ! Bouh que tu casses la magie de la vie ! C’est normal comme réaction de la part d’un père ! » Non, ben non. Certains parents vont se dédouaner du drame par le simple fait qu’ils ont un lien affectif avec le petit tas sanguinolent. Ils se disent que de toute façon quiconque nuit à un enfant (même involontairement) est un monstre qu’on maravera à coup de pelle. Mais eux, bien qu’ils aient fait preuve d’une négligence flagrante qui est clairement la source du drame, eux, ne seront pas inquiétés.

Réfléchissons :

1. Avoir un enfant avec vous vous excuse de tout (mode « joker », ou « étoile de Super Mario »).

Voici deux petites anecdotes personnelles pour illustrer mon propos :

Une voiture dans un rond point sort sans mettre son clignotant. Je m’engage à pieds sur le passage piétons, la voiture pile à mes pieds. La femme ouvre sa fenêtre et me hurle : « j’ai un enfant à bord ». Ce à quoi je réplique : « peut-être, mais je ne vois pas en quoi ça vous donne le droit de m’écraser. » Si le gamin n’était pas attaché et venait remplacer l’autoradio dans le tableau de bord, ç’aurait été ma faute, tiens.

Voilà voilà, mais elle n’est pas seule à me jeter son gamin au visage :

Une femme traverse la rue et la piste cyclable, téléphone vissé à l’oreille, de nuit. Son enfant qui ne lui tient pas la main me coupe la route en courant, je suis obligé de faire un écart. Si je le renverse, je suis en tort. Si je le tue, je vole instantanément en prison sans toucher 20 000F (qui auraient pourtant été les bienvenus pour réparer ma roue voilée mais bon…).

Certaines personnes utilisent l’empathie importante que suscitent les enfants pour se justifier. Mais ça n’empêchera pas qu’un jour l’enfant sera blessé. Et là, à qui ira la faute ?

2. Des parents rarement impliqués

Continuons avec d’autres anecdotes :

Des parents ne payent pas la cantine de leur enfant qui se retrouve à la rue à midi après un impayé de 80€. La populace s’indigne contre professeurs et employés municipaux. Personne ne s’étonne que l’équivalent de 15 jours de cantine soient impayés. Ok, c’est pas sympa de mettre une gamine dehors (même s’il parait que c’est légal), mais vous noterez qu’absolument personne ne met en cause les parents. On va même jusqu’à les plaindre.

Ou encore :

Des gamines se font faucher sur l’autoroute après s’être faites débarquées d’un TGV faute de billets, d’argent et de papiers. La SNCF et la société d’autoroute sont pointés du doigt. Jamais l’opinion ne se tournera vers les parents. Lire 3 fillettes tuées sur l’autoroute A7, et si c’était juste leur faute ?

Dans ces deux exemples, le public soutient les parents dont l’enfant est opprimé (voire mort, donc fortement opprimé). Forcément : empathie, tout ça. On cherche donc un coupable autre que les parents qui sont déjà tous tristes (c’est bien la preuve que ce n’est pas leur faute, ce qui est arrivé).

Conclusion :

Les enfants sont fragiles et ont besoin d’être protégés, c’est indéniable. Mais nous avons manifestement un problème : nous ne sommes pas lucides quand un enfant est concerné. L’opinion publique est toujours avec l’enfant et par extension avec les parents. Même si ces derniers ont des torts.

Il faudrait se rappeler qu’un enfant est à la charge de ses parents. S’il cause un accident, ils ne peuvent pas s’exonérer d’une faute de surveillance par une pirouette du genre « mais c’est un enfant, enfin » (déjà entendu). Espérons que la justice soit réellement aveugle car les enfants ne sont pas des jokers, les parents ne sont pas des saints.

Enfin, il serait bon d’apprendre à disséquer un peu mieux les histoires qui sont rapportées par la presse. Beaucoup de journaux tournent des histoires de façon à nous indigner et nous… fidéliser. Un peu de recul ne fait pas de mal. Regardez là, vous êtes tout indigné après avoir lu cet article. 😉

A lire : Responsabilité des parents du fait de leur enfant

2 réflexions sur « L’enfant Joker m’emmerde (oui, lui aussi) »

  1. Mais tu es un mooooonstre !
    Nan, hein, j’déconne, je ne te jetterai pas la pierre*, faire des gosses, c’est facile, mais s’en occuper, ça demande des efforts.
    D’ailleurs je te suggère d’utiliser la stratégie « hey, t’as voulu des gosses, ben maintenant t’assumes ! ».

    * C’est une image bien sûr, si on se croise, tu peux compter sur moi pour ramasser un caillou et te le balancer à la figure 🙂

    1. Aneffé. Mais je veux aussi démontrer que l’opinion publique est trop sentimentale et n’utilise pas assez son cerveau.
      Comme toujours, c’est dangereux de réagir à l’instinct. Pourtant, tu as le temps de réfléchir derrière un clavier…
      Heureusement que les commentateurs de la VDN ne sont pas des élus. Tu seras impressionné de voir que 90% des coms sont des réaction bestiales sur les articles cités (surtout via FB).

      Merci d’enrichir ma collection de pierres. 🙂

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