Depuis un moment (toujours diront certains), je joue mon asocial en partant en croisade contre Apple. Dans une période où ne pas aimer les téléphones de la pomme est une faute de goût, je voudrais quand même rappeler quelques petites choses.
Steve Jobs n’est pas un demi dieu.
Non, c’est un dieu. Ou plutôt le gourou d’une secte. Il a du charisme et sait brosser les foules dans le sens du poil. Mieux encore, il sait lire dans le cerveau de l’utilisateur et innover en conséquence. L’iMac a marchoté, l’iPod s’est bien vendu, l’iPhone s’est envolé. Mais pourquoi ??? L’iPod est pourtant un baladeur très limité avec une qualité de son médiocre !? Ben à coup de publicité et de manipulation des foules pardi ! Alliez innovation et matraquage publicitaire et vous avez … pom pom popom : Apple.
En même temps, quand plus de 90% du marché de l’ordinateur individuel est dominé par Crosoft, il faut bien vous demander : quelle population déçue du PC pourrais- je bien conquérir ? Et biens ciblons la niche du bobo adepte de beaux objets, de belles interfaces et de simplicité. Celui dont la femme a une new beatle. Ayé, vous le remettez ? Oui, c’est celui qui peut mettre le prix et qui veut un appareil bien fini sans avoir à se poser de question… Du tout. Et tant pis si l’appareil, l’OS et la marque sont bourrés de vices, il a du charisme, et ça, ça n’a pas de prix (?).
Apple applique des politiques anti-concurrentielles, mais il le fait bien.
Un truc amusant avec Steve, c’est qu’il ne fait pas de publicité, il prêche. « L’iPhone ne supportera pas Flash ! Adobe (l’éditeur) est un naze ! jamais, je vous dis ! » hurle le grand gourou. Ben ouais, sauf qu’il omet de dire que Flash, ben il le supporte sur iMac dans son navigateur Safari. Il oublie aussi de dire que Flash est suffisant pour faire des applications animées avec de belles interfaces et que ça pourrait bien concurrencer l’AppStore.
Tiens, tant qu’on en est à causer AppStore, en achetant un iPhone, vous acceptez la traditionnelle dictature d’Apple qui doit faire friser de colère le moins hippie des défenseurs de l’open source (celui qui s’oppose au bobo ?). Apple se réserve le droit de juger votre application et de décider si elle a le droit de siéger parmi les élues. Et en la matière, la loi c’est eux. Point.
On se rappellera le cas du navigateur Opéra qui a mis 20 jours avant d’être autorisé. Dilemme : ne pas autoriser un navigateur concurrent, ça fait mauvaise presse. L’autoriser, c’est une faille potentielle dans le modèle marketing : imaginez qu’il gère le flash !
Et ça, c’est un premier exemple. Apple ne pourra pas cacher bien longtemps son verrouillage derrière une promesse de sécurité. Son succès croissant finira par l’obliger à confronter en pleine lumière ses intérêts et celui du public.
Une citation de Benjamin Franklin levée par notre cher Dju me revient à l’esprit : « Quiconque sacrifie sa liberté pour plus de sécurité ne mérite ni l’un ni l’autre, et perdra des deux. » Sauf que cette phrase a été utilisée par Dju dans un autre contexte : la défense des libertés contre le filtrage et de la censure amenés par Hadopi. Pensez-vous qu’un utilisateur d’iPhone sacrifie sa liberté pour du confort d’utilisation ? Je vous laisse y réfléchir. Imaginez le modèle iPhone appliqué sur vos PC et le mouvement que ça soulèverait.
Apple, le petit Microsoft
Un Mac n’a pas de virus, un Mac ne plante pas, un Mac sent bon et ne pète pas (y’a qu’à voir leurs pubs). Enfin, des virus, il en a tout de même quelques uns, mais la vraie question est : qui va s’intéresser à une machine qui représente une fraction des ordinateurs peu stratégiques du parc informatique mondial ?
Il faudrait balayer devant sa porte avant de se moquer ouvertement et avec arrogance de Microsoft. Prenons l’exemple Firefox. Fort de sa popularité, Mozilla a vite découvert que le Renard de Feu aussi, avait des failles à corriger. Plus l’exposition est grande, plus les risques le sont aussi. Le possesseur d’un Mac se lèvera un matin avec une machine enrhumée. Il faut juste attendre qu’un vil hacker se réveille en se disant « hé, mais y’en a un paquet des Mac maintenant ! ».
Apple ne peut pas encore concurrencer les OS PC.
Je vois mal Apple devenir le premier vendeur d’ordinateurs :
1. Ils n’ont jamais réellement eu pour but d’intéresser les développeurs, les informaticiens et pas même les employés. Il faut quand même se rendre compte que leur traitement de texte, c’est… Microsoft Office. Quant à l’offre serveur, elle est ridicule mais bien emballée. Leur coeur de cible, c’est le loisir, l’artistique. Pas dit qu’ils aient les moyens voire l’envie de s’attaquer aux mastodontes présents en entreprise.
2. Si Microsoft est critiqué pour ses abus de position dominante avec l’intégration par défaut d’Internet Explorer, que penser d’Apple qui fournit tout un tas d’outils multimédias ? Je me ferais discret à leur place.
3. Le problème de l’innovation, c’est qu’il faut avoir des idées. Et Apple a bien failli passer à la trappe par manque d’idées à la fin du dernier millénaire. C’est un peu dangereux, d’autant que depuis l’iPhone, aucune nouveauté marquante n’a vu le jour. Apple me semble fragile, bien qu’aujourd’hui leur image (solide elle) semble suffire.
Concluons.
Voilà pourquoi je n’aime pas Apple. Je n’ai rien à priori contre le matériel qu’ils utilisent et la qualité de leurs produits. Je n’aime pas l’hypocrisie dont ils font preuve ni le groupe de moutons qui les suivent pour leur bonne bouille (là je vais devoir m’excuser auprès de beaucoup de mes connaissances… :)). Personnellement, je retourne dans la bergerie Microso… Tiens, l’herbe a l’air plus verte dans la prairie Google.
Spi, infidèle.
PS : Allez, faites-moi changer d’avis 😉