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« Ok, la liberté d’expression c’est bien, mais faut pas se moquer du prophète ». #jeSuisCharlie

Il arrive que certains jeunes musulmans pas très au courant de l’Histoire lâchent un « Ok, la liberté d’expression c’est bien, mais faut pas se moquer du prophète » voire un « bien fait ! » au sujet des assassinats à Charlie Hebdo. Ah ben là les enfants, un petit cours de rattrapage s’impose pour vous montrer que vous ne voudriez pas d’un pays où la censure opère.

coran
La notice était pourtant claire…

Toi le jeune, tu es partagé entre les valeurs de la république que le système a oublié de t’inculquer et la foi dans laquelle tu as grandi. Si c’est cette dernière qui guide tes actes, espérons que tu aies compris le vrai message de la religion : vivre ensemble dans la paix, l’amour et faire des bisous. Sinon, soit tu es un « rebelle de la Société » qui veut se la péter, soit tu as un poil dénaturé le message de base et c’est pas mal grave. Vouloir la mort de quelqu’un ou l’approuver c’est pas joli joli dans la plupart des religions (sauf peut-être le satanisme, et encore).

Si tu n’es pas prés à placer la religion devant ta liberté, reste un peu. 

Peut-être que ce n’est pas si cool de vivre selon la charia dure qui interdit de jouer au foot ou d’écouter de la musique ? Personnellement, je préfère avoir la liberté de faire mes choix, d’y réfléchir et d’adopter l’attitude qui me convient vis à vis de ma religion. Pour ça, la liberté d’opinion et d’expression est parmi les droits les plus importants des Hommes. C’est une des garanties fondatrices de la démocratie et c’est un droit qui – paradoxalement – te permet de pratiquer une religion comme bon te semble. Et rappelle-toi que des Hommes se sont battus pour t’obtenir cette liberté et que c’est un don précieux gagné par le sang.

En France, pour contraindre ta précieuse liberté, il faut de très bonnes raisons, c’est pourquoi elle n’est limitée que pour les motifs suivants :

  • Ne pas porter atteinte à la vie privée et au droit à l’image d’autrui.
  • Ne pas tenir certains propos interdits par la loi : l’incitation à la haine raciale, ethnique ou religieuse, l’apologie de crimes de guerre, les propos discriminatoires à raison d’orientations sexuelles ou d’un handicap, l’incitation à l’usage de produits stupéfiants, le négationnisme.
  • Ne pas tenir de propos diffamatoires (atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne).
  • Ne pas tenir de propos injurieux.

Ces garde-fous servent uniquement à ce que ta liberté ne cause pas de tort à d’autres citoyens. Tu remarqueras que le blasphème est accepté car ce n’est pas une incitation à la haine religieuse si, comme le fait Charlie Hebdo, on se moque de toutes les religions sans distinction. Pourquoi est-ce toléré ? Parce que ça ne nuit pas à l’image de quelqu’un, ça ne le discrimine pas, bref : ça ne fait de mal à personne. Au pire, ça rend triste comme lorsque quelqu’un se moque de mon pull tricoté avec amour par mémé. Ca m’agace, mais qu’est-ce que je vais faire ? Je vais essayer de coller une droite au malotru ? On a le droit de critiquer mon pull et je m’en remettrai. Je peux répondre ou débattre, pourquoi pas ? Mais frapper en revanche, c’est démesuré, illégal, très con et ça ne fait pas avancer la réflexion. 

Penses-tu donc que la loi doit interdire de critiquer le bel ouvrage de ma grand mère ? Pour tout ce qui n’est pas hors-la-loi et qui t’agace, on te demande de faire preuve de tolérance, pas d’aimer. La tolérance, c’est ce qui permet de vivre ensemble, c’est ce que prônent l’Etat, les curés, les rabbins et les imams.

Sache que la liberté est le premier droit à être éliminé par les régimes totalitaires pour que tu files droit. Mais si ça te convient, tu peux choisir d’émigrer dans un pays plus approprié à tes convictions. Une vie en Syrie te conviendrait mieux ?

Ca se médite, non ? D’autant plus que des pays du Maghreb tentent en ce moment même d’obtenir une liberté d’expression équivalente à celle de la France.

Je sais bien que ce message ne sera pas lu par les concernés, ils sont à peine quelques milliers de cons intolérants qui pensent qu’on peut tuer des gens pour des dessins. Mais quelque part, ça fait du bien d’en parler. 🙂

Mais où est Charlie ? #JeSuisCharlie

Quelle claque en ce début d’après-midi du 7 janvier. Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, tous nous ont quittés, exécutés avec barbarie dans les locaux de Charlie Hebdo. Evidemment, nos pensées vont aux victimes et aux familles endeuillées.

Je n’ai pas envie de commenter ce qu’il s’est passé, la presse s’en chargera très bien mais je voulais toutefois vous faire remarquer deux trucs :

1. Un défenseur de la liberté d’expression est à terre

Outre le drame qui s’est joué, c’est la liberté d’expression qui est mise à mal, car le passe-temps de Charlie, c’était bien de repousser ses limites. Et c’était une bonne chose que quelqu’un s’en charge, surtout qu’elle est régulièrement attaquée.

Mais maintenant, qui va prendre le relais ? Qui sera aussi irrévérencieux et qui nous indignera ? Qui va ouvrir sa grande gueule ? J’espère que ce n’est pas juste fini, car on a besoin d’un peu de déviance bien crade pour tester la démocratie. Seulement, maintenant, faut oser.

2. Un climat propice à l’amalgame

Le drame a suscité des réactions diverses. Si certains décérébrés trouvent que « c’est bien fait », d’autres se sont galvanisés autour du tag « #JeSuisCharlie » pour rappeler que la France est un pays de liberté et que nous défendons le droit de s’exprimer librement.

Et puis, il en est d’autres encore qui se laissent gangrener par la haine du musulman. Car faire l’amalgame entre musulman et terroriste est facile : au moins, on peut les cataloguer au physique. C’est sûr, c’est moins effrayant que de penser qu’un roux converti à l’islam radical peut faire sauter votre station de métro… Je ne peux pas laisser dire que les musulmans sont tous des terroristes, comme je ne peux pas laisser dire que tous les nordistes sont des pédophiles. Désolé, mais ce n’est pas aussi évident. Si ça l’était, on aurait des camps de concentration préventifs…

Franchement, je n’aime pas les religions. C’est caca, c’est un outil de manipulation des foules d’un autre âge. Mais ça fonctionne tellement bien qu’on doit faire avec encore aujourd’hui. Alors faisons preuve d’un peu de tolérance et ne succombons pas trop à nos instincts. Car vous êtes d’accord que la plupart des gens aspirent juste à une vie paisible, non ?

Je n’ai rien à cacher, je suis pour la surveillance massive !

Combien de fois j’ai pu entendre cette réflexion simpliste. Pour contrer cet argument tout pourri, je vous propose une petite vidéo qui vous expliquera pourquoi plutôt que d’étouffer doucement la liberté de pensée et d’expression, il n’est pas une mauvaise idée de rappeler à quel point elle est vitale dans une démocratie.

Selon Glenn Greenwald, nous avons forcément tous quelque chose qu’on ne veut pas que les autres découvrent (notre troisième téton, notre maîtresse cachée, notre sex tape houleuse, nos rêves syndicaux, mon plan pour conquérir le monde…). Affirmer qu’on a rien à cacher, c’est se leurrer et se forcer à une conduite parfaitement conformiste pour rester cohérent.

La surveillance des masses a deux effets pervers selon Glenn :

  • Elle fait croire que seules les mauvaises personnes ont des choses à cacher (terroristes, pédophiles, etc.). C’est bien sûr faux, il y a tout un tas de raisons pour ne pas vouloir être épié en permanence.
  • La pression de la surveillance modifie les comportements pour nous rendre plus conformistes, obéissants, soumis et limite l’activisme. Du pain béni pour un régime dictatorial(1).

Quelques citations édifiantes avant de vous laisser regarder la vidéo :

Question à Eric Schmidt, PdG de Google(3) :
– Les gens voient Google comme leur confident. Ils devraient ?
– Si vous faites quelque chose que vous ne voulez pas que les autres sachent, peut-être auriez-vous dû commencer par ne pas le faire.

La surveillance massive crée une prison de l’esprit plus efficace que la force brute ne pourrait jamais l’être.

Glenn Greenwald

Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux.

Benjamin Franklin

Vous savez, Jennifer Lawrence aussi n’avait rien à cacher. Ben effectivement, elle ne cachait pas grand chose, la coquine !

Spi.

Si vous êtes anglophone, laissez-vous convaincre par l’intervention de Glenn(2).

Edit : vous pouvez aussi regarder une autre vidéo de 20 minutes, en français cette fois. Elle est publiée dans les commentaires de cet article par Dju.

Alors, convaincus ? 😉

A voir :

  1. 1984
  2. Glenn Greenwald nous explique pourquoi la vie privée, c’est important (vidéo de 20 minutes en anglais)
  3. – People are treating Google like their most trusted friend. Should they be?
    – I think judgment matters. If you have something that you don’t want anyone to know, maybe you shouldn’t be doing it in the first place.
  4. Le site de la Quadrature du Net