La Nature ne serait-elle pas un peu une connasse ? La question mérite d’être posée tant aujourd’hui elle est élevée au rang de déesse bienfaisante. Ça n’a pourtant pas toujours été le cas et je voudrais proposer ici de l’envisager sous un autre angle. Posez votre cerveau, ça va bien se passer.
La Terre, un nouveau Dieu (et sympa en plus).
Il ne se passe pas un jour sans qu’on vante mère Nature. Facebook regorge de messages sur sa beauté, sur la défense de ses jolis animaux, sur sa fragilité (son « subtil équilibre »), ses bienfaits rien que pour nous… A croire que déçu par la religion traditionnelle, nous essayons de retrouver un Dieu comme on peut sous la forme de notre Terre (lire la théorie Gaïa) et les sources sur Final Fantasy en bas de l’article). On lui prête la capacité de penser et l’envie de se protéger comme un paradis que l’Homme – tout salaud qu’il est – s’acharne avec zèle à saccager. Comme si c’était si simple, comme si la Nature n’était que bonne avec nous. Rien de plus faux, et pourtant combien d’entre nous kiffent cette théorie voire y adhèrent sans s’en rendre compte ?
…Mmmmh, sévère plutôt.
Mais dame Nature n’a pas toujours été aussi tendre avec l’Homme avant que celui-ci ne se sente suffisamment en confiance pour lui faire la misère. Rappelez-vous ces petits hommes de la préhistoire qui galéraient à capturer un épis de maïs sauvage. Souvenez-vous du moyen-âge au cours duquel l’espérance de vie était de 14 ans. Ou plus récemment, pensez aux petits éthiopiens qui meurent de faim ou aux prés de 20 000 morts du tsunami japonais. Non, décidément la Terre semble avoir une dent contre nous depuis toujours.
Mère Nature serait une vue de l’esprit ?
Imaginez donc une seconde que la Terre ne soit pas ce paradis que tout le monde nous décrit. Imaginez que si vous vivez agréablement sur Terre 80 ans, c’est grâce à ce qu’à fait l’Homme pour vous : il dompte une Nature qui est tout à fait neutre et qui ne connaît ni le bien ni le mal. La Nature, elle s’en tape de vos états d’âme, elle est, c’est tout. Le concept d’une entité nourricière et sympa avec vous, c’est l’Homme qui l’a inventé. Si le tigre dépèce une antilope vivante qui agonise dans les bulles de son sang, ce n’est ni bien, ni mal. C’est ainsi. Vous vous voyez lui fouetter le museau avec votre journal en disant : « vilain le chat, vilain ! Viens manger tes croquettes au soja ! » ?
Notre rapport à la Nature a changé
La Nature était autrefois à vaincre, aujourd’hui à défendre. La vision du monde que nous avons, c’est celle que l’on s’est imposée nous même : c’est un consensus de la Société. Le confort que nos ancêtres ont su apporter à nos vies nous permet de passer à des débats de nantis dont l’écologie. Et dans ce débat, il y a un point intéressant : l’évolution du rapport de l’Homme à l’animal. Wikipédia nous dit : « Spontanément, l’Homme était et reste un omnivore opportuniste à tendance végétarienne dont la part de protéines animales admise dans la ration alimentaire varie selon les civilisations. » L’Homme mange donc de la viande en quantité limitée, chose qui est insupportable à un nombre croissant d’occidentaux qui réalisent maintenant qu’éviscérer des petits animaux c’est douloureux, voire pas glop.
Nous essayons de changer notre nature. Pourquoi pas.
Le problème, c’est donc que l’Homme s’éduquant, il commence à prendre conscience que tuer c’est mal, et que même tuer les petits nanimos, c’est pas bien. Enfin, en même temps il aime bien les manger ses petits nanimos. Dilemme. On va donc faire deux branches car on aime les cases : les végétariens et les carnassiers, ou selon les carnivores : les lopettes bouffeuses de mousse et les vrais hommes(1). En fin de compte la considération pour la condition animale est vraiment un concept humain. Je ne connais pas d’animal qui ait des scrupules. Le plus mignon des chats s’amusera comme un fou à torturer une petite souris innocente, l’araignée se délectera d’injecter son suc gastrique dans sa victime vivante. La Nature est cruelle, mais nous on n’aime pas ça car « on est meilleurs, on vaut mieux que ces bas instincts ».
Nous sommes au delà de nos instincts.
Je me souviens de cet échange avec Dju dont j’ai retenu qu’en tant qu’espèce dominante et intelligente, nous avions le devoir de respecter les animaux et de remettre un peu d’ordre dans le bordel que devient la planète (surtout qu’une partie est de notre fait, ne nous voilons pas la face (2)). Soit, faisons ça, soyons responsables, faisons au mieux. Pour faire au mieux, faut-il devenir végétarien et épargner la nourriture à quatre pattes ? Je ne crois pas. Là-dessus nous sommes seuls avec notre conscience. Je pense que manger de la viande n’est ni bien ni mal, c’est dans notre nature (mais en plus faible quantité que ce que notre génération boulotte chaque semaine). J’aimerais bien être certain que ma viande ait été traitée non pas dignement car un animal s’en balance de la dignité, mais avec empathie, que le recueil de sa chair soit un don dûment mesuré. Mais bon, comme j’ai déjà du mal à décapiter un poisson, je vais devoir faire des efforts pour élever ma bouffe et assumer de briser la nuque d’un ami lapinou moi-même pour rendre de la valeur à la vie de l’animal.
Mon rapport à la Nature et aux nanimos
Si la planète est neutre et vu notre impact, il semble légitime que ce soit à nous de prendre les rênes. Je me dis alors ceci : il ne faut pas protéger les nanimos parce qu’ils sont mignons (pourquoi vouloir interdire la viande de cheval et pas de bœuf ?), il faut les protéger parce qu’on finira par éteindre chaque race une par une si on ne le fait pas. Buter des animaux oui, avec respect et utilement. Je suppose qu’on devrait tous être traumatisés d’être obligés de jeter un steak. Il en va de même pour tout ce qui a trait à l’environnement : protégeons la Terre parce qu’on en a besoin, pas par scrupule pour la planète. Sinon, empêchons les ours de manger du gentil saumon mignon.
Voilà, j’espère que cette petite réflexion maladroite vous aura fait vous aussi vous poser des questions. Cet article aussi m’a été (encore) inspiré par l’affection grandissante que nous avons pour les animaux et la haine pour nos congénères. On a tôt fait d’oublier que les animaux ne sont pas d’innocentes peluches et que l’Homme n’est pas que le Mal absolu. Si vous êtes en vie pour lire ces lignes, c’est beaucoup grâce à vos semblables. 🙂 N’hésitez pas à commenter et/ou m’insulter, ça me fera plaisir. 😉
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